Un journaliste de Niamey, Kaka Touda Mamane Goni, a été condamné à trois mois de prison avec sursis après qu’un juge l’ait déclaré coupable de publication de fausses information sur le COVID-19.
Le 4 mars 2020, Kaka Touda a publié sur Facebook et Twitter qu’un cas suspect de COVID-19 avait été enregistré à l’Hôpital général de référence de Niamey.
Mécontente de cette publication, l’administration de l’hôpital a déposé une plainte contre le journaliste auprès de la police judiciaire. La police a donc arrêté Kaka Touda le 5 mars, et l’a détenu pendant quatre jours avant d’obtenir un mandat de détention préventive pour détenir à nouveau le journaliste.
L’administration de l’hôpital a publié un communiqué de presse pour démentir la publication de Kaka Touda, mais la police n’a pas relâché le journaliste malgré son état de santé détériorant.
Le 9 mars, il a été traduit en justice et accusé de “diffusion de données susceptibles de troubler l’ordre public”. Chaibou Samna, le procureur de la République, a affirmé que le journaliste avait été arrêté parce qu’après sa publication sur un cas suspect de COVID-19 à l’hôpital, “toutes les personnes se sont enfuies et ont refusé de se rendre à l’hôpital”.
Le 26 mars 2010, un tribunal de première instance de Niamey a déclaré le journaliste coupable “en vertu de la loi nigérienne de 2019 sur la cybercriminalité et lui a infligé une peine de trois mois avec sursis”. Le juge a également ordonné à Kaka Touda de payer une amende symbolique à l’hôpital général de référence de Niamey
La MFWA est consciente du fait que la publication d’informations non vérifiées en ces temps d’insécurité en matière de santé publique est susceptible de créer une grande anxiété. Au lieu de détenir le journaliste pendant vingt-deux jours, le tribunal aurait pu lui ordonner de publier une déclaration d’excuses, tout en diffusant des informations et faisant l’éducation et la sensibilisation sur COVID-19 à ses 3 800 abonnés sur Facebook et à plus de 6 300 sur Twitter.
En cette période de lutte contre la pandémie de COVID-19 en Afrique de l’Ouest, la protection de la liberté de la presse, de la liberté d’expression des citoyens et de leur droit à l’information est aussi importante que les mesures de sécurité pour contenir la propagation de la maladie. La MFWA exhorte donc les autorités à chercher des moyens de collaborer avec les médias pour lutter avec succès contre la pandémie. L’organisation appelle les journalistes, les blogueurs et toutes les parties prenantes à faire preuve de responsabilité et de circonspection dans leurs déclarations publiques et leurs publications sur la pandémie et à éviter de désinformer le public.