La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est profondément préoccupée par la suspension de trois journaux par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) pour diverses publications que le régulateur juge de mauvais goût.
Ces sanctions font suite à une plainte de l’ambassadeur de France au Togo, Marc Vizy, selon laquelle un article publié le 3 mars 2020 par le journal Liberté était diffamatoire. L’article intitulé “Marc Vizy, l’autre ennemi de la démocratie au Togo”, prétendait que le diplomate français soutenait le gouvernement autocratique du Togo.
Le journal L’Alternance, pour sa part, a publié un article dans lequel il accusait Franck Paris, le conseiller pour l’Afrique du président français Emmanuel Macron, d’interférer dans le processus électoral au Togo. Ledit article, publié le 20 février 2020, était intitulé :”Francafrique et soutien aux dictateurs, Franck Paris l’Intriguant “.
Selon un communiqué de presse de la HAAC du 23 mars 2020, en publiant ces articles, les journaux L’Alternative et Liberté n’ont pas “respecté les règles professionnelles, et ont violé les dispositions du Code de déontologie des journalistes au Togo, du Code de la presse et de la communication et de la loi organique”.
La HAAC a donc suspendu la Liberté pendant 15 jours et L’Alternative pendant deux mois.
Suite à ces sanctions, un autre journal, Fraternité, a critiqué la décision du régulateur comme étant “trop zélée”.
En réponse à cette critique, la HAAC a suspendu, le 30 mars, l’hebdomadaire Fraternité pour deux mois.
Le MFWA déplore la suspension des trois journaux pendant cette période de pandémie de coronavirus, où le travail d’éducation et de sensibilisation du public par la presse est très crucial pour lutter contre la propagation de la pandémie.
Tout en exhortant les journalistes à respecter l’éthique de la profession, nous demandons également à la HAAC de promouvoir le droit de réplique, au lieu de la sanction punitive qui censure et affaiblit davantage la viabilité des journaux.