Le 24 Novembre 2019, le peuple bissau-guinéen a voté pour élire un nouveau président. Douze candidats étaient en lice pour la présidence, dont le président sortant José Mário Gómes Vaz. Le candidat gagnant n’a pas encore été annoncé, mais près de deux semaines avant le début de la campagne, deux stations de radio privées avaient été fermées par les autorités du pays.
Malgré plusieurs appels lancés au gouvernement par des groupes de défense de la liberté d’expression pour qu’il rouvre les deux stations de radio, rien n’a été fait. La fermeture des stations viole les droits de la population à la liberté d’expression, en particulier pendant cette période où le pays suit de près les évènements menant à l’élection présidentielle. L’accès à l’information est essentiel pour que l’électorat puisse prendre des décisions éclairées.
L’Autoridade Reguladora Nacional (ARN) a fermé les deux stations d’Africa FM à Bafata à Buba, deux villes situées respectivement à 150 km et 221 km de la capitale Bissau, le 21 Octobre 2019.
C’est la deuxième fois en sept mois que la station Bafata d’Africa FM est fermée. Le 2 avril 2019, les forces de sécurité avaient fermé la station sur ordre de Dundu Sambu, gouverneur de la région, à la suite des élections législatives tenues dans le pays le 10 Mars 2019.
Justifiant les raisons de la récente action, Djibril Mané, président de l’ARN, a déclaré que les stations ont été fermées parce qu'”elles fonctionnent sans licence, et ne sont donc pas en règle avec l’ARN”.
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Africa FM, qui gère les deux stations, est connue pour ses critiques vis-à-vis du gouvernement dirigé par le président José Mário Gómes Vaz. Au vu de l’acte posée par l’ARN et ce, par rapport à la période électorale, cela en remet en cause la crédibilité de la raison invoquée par l’organisme de réglementation pour justifier la fermeture.
L’organisation partenaire du MFWA en Guinée-Bissau, le Sindicato de Jornalistas et les Técnicos de Comunicação Social (SINJOTECS), qui est le principal syndicat de journalistes du pays, ont déclaré que la raison donnée pour la fermeture d’Africa FM est peu convaincante. Elle a par conséquent appelé à une application transparente et non discriminatoire du régime d’attribution de licence.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) se joint à son organisation partenaire en Guinée-Bissau pour condamner la fermeture continue des deux stations de radio dans le pays et réitère son appel aux autorités pour permettre aux médias de reprendre leur diffusion.
La MFWA et SINJOTECS exhortent l’ARN à rendre public le statut de tous les organismes de radiodiffusion en Guinée-Bissau en ce qui concerne le respect de leurs obligations envers l’autorité. C’est le seul moyen de prouver qu’Africa FM n’a pas été pris pour cible pour sa ligne éditoriale critique.
En l’absence de la transparence requise dans l’exercice, la fermeture des deux stations de radio ne peut être perçue que comme une tentative délibérée des autorités de museler les voix dissidentes. Des milliers de Bissau Guinéens dépendent d’Africa FM pour l’information et l’éducation sur des questions importantes affectant leur vie et cette fermeture les punit indûment et limite leur participation dans les débats électoraux.
Nous appelons donc les autorités à rouvrir les stations pour leur permettre de jouer leur rôle dans la période électorale tout en engageant la direction de l’organisation des médias à régler les problèmes à l’amiable.