Les répressions des manifestations ont fait les grands titres de la liberté d’expression en Afrique de l’Ouest au cours du mois de Novembre 2018 avec deux morts lors de la répression en Guinée.
Les 7 et 8 novembre, deux hommes, Alimou Diallo et Mamadou Bela Baldé, âgés respectivement de 26 et 30 ans, ont perdu la vie dans de violentes attaques contre les manifestants de l’opposition par les forces de sécurité à Conakry.
Le 14 Novembre, une semaine après la répression fatale, la Haute Autorité de la Communication (HAC), l’organe de réglementation des médias guinéens, a suspendu Mouctar Bah, le correspondant de Radio France Internationale pour avoir fait un “reportage déséquilibré” sur l’incident. L’accréditation de Mouctar lui a été retirée avec notification qu’aucun appel contre la décision ne puisse être étudié avant fin février 2019.
La sanction fait suite à une plainte du ministre de la Défense de la Guinée qui a déclaré que Bah avait attribué la responsabilité des décès aux «bérets rouges» (les militaires), ce qui était inexact, selon le ministre.
Toujours en Guinée, le domicile du directeur du site d’informations; aminata.com, Alpha Oumar Diallo, a été saccagé par des personnes perçues comme des sympathisants du parti d’opposition; l’Union des forces démocratiques de la Guinée (UFDG). Le journaliste lui-même, sa famille proche et ses parents ont été menacés. Oumar Diallo avait publié une audio d’Halimatou Dalein, l’épouse du principal dirigeant de l’opposition, Cellou Dallein Diallo, ce qui n’a pas été au goût des militants du parti.
En Guinée-Bissau voisine, les forces de l’ordre ont également fait recours à l’usage excessif de la force pour disperser une manifestation d’étudiants le 8 novembre. Plusieurs manifestants parmi les étudiants réclamant la fin de la longe grève ont été blessés et arrêtés.
La répression contre les manifestants s’est poursuivie alors que les forces de sécurité maliennes dispersaient violemment un rassemblement des partisans de l’opposition le 16 novembre. La foule qui était sur le point de commencer la marche pour dénoncer ce qu’elle qualifiait de mauvaise gouvernance et du coût élevé de la vie, entre autres questions politiques, a été forcée de fuir dans toutes les directions face aux brutalités policières. Plusieurs manifestants ont été blessés, dont Amadou Araba Doumbia, membre du Parlement, qui a été admis à l’hôpital.
Au Ghana, Ebenezer Ofori Agyei, journaliste à Okwahu FM, a été arrêté le 14 novembre 2018 et maintenu en garde à vue pendant sept jours à Kade, dans le district d’Akwatia, dans l’est du pays, sur ordre d’un commissaire de police adjoint.
L’action du commissaire de police adjoint (DSP), Yaw Dankwah Agyekum, faisait suite à un reportage que le journaliste avait déposé pour sa station de radio. Celui-ci contenait un enregistrement audio dans laquelle des chauffeurs accusaient le chef de police du district d’extorsion.
De retour au Mali, le 29 novembre, Hamidou Touré El Hadji, rédacteur en chef de malimedias.com, a été brutalisé par un gendarme, qui est également secrétaire général de la Commission vérité et réconciliation du pays. Le colonel Abdoulaye Makalo avait été contrarié par un commentaire du journaliste sur Facebook critiquant le travail de la Commission. L’officier aurait obligé Touré à boire son propre urine.