La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a enregistré neuf violations dans six pays durant son monitoring de la liberté d’expression en Février 2018. Cinq incidents d’agression physique ont été enregistrés dans quatre pays-Liberia, Cote d’Ivoire, Nigeria et Ghana.
Le Mali, Togo et le Nigeria ont enregistré chacun un incident d’arrestation et de détention, tandis que le Benin a enregistré un incident de suspension d’un organe de média. Les violations ont affecté dix journalistes, 11 citoyens et une organisation des médias.
Les premières violations ont été enregistrées le 9 Février lorsqu’un membre du parlement, Munah Pelham-Youngblood du District de Montserrado au Liberia a agressé Henry Karmo, un journaliste de FrontPage Africa newspaper. Le deputé a violement bousculé et poussé Karmo après l’avoir accusé de «publication d’article hostile à elle.» L’attaque a eu lieu au siège du parlement du Liberia.
Dans deux incidents séparés en Côte d’Ivoire, des journalistes ont été physiquement agressés par une foule déchainée. Le premier incident impliquait Chris Paterne Assemian, le correspondent local de la chaine SIKKA TV basée au Benin. Le 17 Février, Assemian est allé couvrir un incident dans lequel des jeunes de la ville de Bolequin ont lynché un gendarme pour avoir tué un conducteur de taxi dans une bagarre. Quelqu’un de la foule a incité les jeunes contre Assemian en affirmant qu’il était journaliste de la Radiodiffusion et Télévision Ivoirienne (RTI) dont ils disent “ne dit jamais la vérité.” Par conséquent, quelques jeunes ont agressé le journaliste, en lui donnant des coups de pieds et des gifles à plusieurs reprises tandis qu’une personne l’a infligé une plaie sur son bras droit avec une machette.
Un sort similaire a été réservé à un autre journaliste, Diomande Karamoko de l’hebdomadaire Allo Police le 26 Février. Le reporter est allé à Williamsville, près d’Abidjan pour faire le suivi d’un incident d’enlèvement et de kidnapping d’un enfant de la ville pour des présumés rituels de sacrifices. L’affirmation de Karamoko d’être un journaliste a été contredite par un jeune homme qui a insisté qu’il le connait en tant qu’un tailleur et ami du bijoutier du coin qui est suspecté par la population d’être un meurtrier. Le journaliste a à son insu accru la suspicion de la foule lorsqu’il a demandé aux parents éplorés la photo de leur enfant défunt. La femme qu’il était en train d’interviewer a donné l’alarme et un groupe de jeune a envahi la maison en agressant physiquement le journaliste. Karamoko a perdu son téléphone et ses chaussures tandis que ces habits ont été réduits en lambeau dans l’attaque.
Le 18 Février, un autre cas d’attaque physique a été enregistré dans l’Etat de Kogi au Nigeria où Atabor Julius ; journaliste de la presse Independent, a été abordé dans un restaurant et agressé par quatre voyous présumés membres d’un groupe de vigils du parti au pouvoir All Peoples Congress (APC). Les assaillants ont menacé de tuer Atabor s’il n’arrête pas de publier des articles critiques à propos de leur parti.
Au Ghana, Christopher Kevin Asima, un animateur de la Radio A1, a été victime d’une attaque physique injustifiée tandis qu’il couvrait un incendie à Bolgantaga, la capitale régionale d’Upper East du Ghana le 23 Février. Un policier s’est senti offenser lorsque le journaliste lui a suggéré de s’adresser en langue locale (le policier parlait Twi, une langue d’autre région) à la foule des spectateurs dont il s’efforçait de contrôler sur le lieu de l’incendie en vue de lui faciliter la communication des consignes. L’officier de police a frappé le journaliste à la poitrine. Deux autres policiers sur la scène se sont joints pour brutaliser davantage le journaliste, tandis que leur commandant a ordonné que le journaliste soit menotté.
Cependant, le Commandant de la Police Régionale, DCOP Vincent Redeemer Dedjoe, s’est excusé auprès du journaliste sur l’incident le 26 Février. ASP Van Koffie Eric, le leader des trois policiers impliqués dans l’agression, s’est aussi excusé auprès de la victime.
Détentions
Au Nigeria, Tony Ezimakor, un journaliste du journal Daily Independent a été détenu pendant sept jours pour des articles présumant que le gouvernement à versé des rançons à Boko Haram pour garantir la libération de quelques lycéennes Chibok qui ont été enlevées par le groupe terroriste. Il a été détenu avec son collègue Jide Oyekunle par le Département des Services d’Etat (DSS) le 28 Février 2018. Oyekunle a été libéré quelques jours tandis qu’Ezimakor a recouvré sa liberté sept jours plus tard.
Un autre incident d’arrestation et de détention s’est produit au Mali le 21 Février. Quatre personnes (plus tard identifiées comme des agents de force de sécurité) ont pris d’assaut les locaux de la presse en ligne Maliactu.net et ont amené par force trois de leurs journalistes, Salif Diarrah, Aliou Hasseye et Issa Coulibaly. Les trois ont été interrogés par la police judiciaire et le procureur de la Haute Cour sur des accusations selon lesquelles ils essayaient de faire du chantage sur un agent public à l’aide d’une vidéo sexuelle. Après deux jours de détention, Diarrah a été gardé en détention tandis que ses deux collègues ont été libérés. Diarrah a éventuellement retrouvé sa liberté après six jours de détention, suite à des appels d’outrage publics de dénonciations sur la manière arbitraire de sa détention et arrestation.
Le dernier incident d’arrestation et de détention s’est produit au Togo où Foly Satchivi ; président de la ligue togolaise des droits des étudiants(LTDE) et 10 autres étudiants ont été arrêtés et détenus le 6 Février. Les 11 qui ont été arrêtés en dehors du campus tandis qu’ils s’apprêtaient à organiser une assemblée à l’Université de Lomé pour demander de meilleures conditions d’études. Ils ont été libérés deux jours plus tard sans aucune charge.
Suspension
Au Benin, l’organe régulateur des médias, la Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication (HAAC) a suspendu un quotidien; L’Audace Info de façon indéfinie. La suspension qui a aussi affecté l’édition en ligne de l’Audace Info a pris effet le 8 Février, le même jour que le journal a publié un article intitulé: «Talon Vole les Béninois jusqu’aux Moelles ». L’article qui mettait en lumière les grandes disparités salariales au sein des fonctionnaires d’Etat et leurs hauts responsables, a été jugé offensant par la HAAC en l’endroit Patrice Talon, chef de l’Etat béninois.
Autres Développements Significatifs
Au cours du mois de février, 45 sur 92 personnes détenues qui ont pris part aux manifestations politiques au Togo ont été libérées. La grâce qui leur a été accordée fait partie des accords issus du dialogue entre le gouvernement et les leaders de la coalition des partis politiques d’opposition à travers la médiation de Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, président du pays voisin le Ghana.
Dans un autre un développement important, la Cour de Justice de la CEDEAO a rendu une décision le 14 Février sur les lois de sédition des médias, fausses informations et la diffamation criminelle en Gambie comme étant anticonstitutionnelles et en violation des droits de la liberté d’expression garantis par la constitution du pays.