Le 27 Mars 2018, l’un des jeunes et intrépides journalistes du Ghana, Latif Idris, a été violemment frappé presqu’à la mort dans les locaux du quartier général du Service de Police du Ghana. Le journaliste travaillant avec le groupe de médias; Multimedia Group, n’a pas été frappé par des voyous. Il a été frappé par un policier, les mêmes policiers chez qui il devrait trouver protection s’il était agressé par des voyous.
Son crime était le fait qu’il accomplissait son devoir de journaliste et avait posé une question à un des agents de police au moment où ces derniers ont été déployés pour maintenir l’ordre et le respect de la loi en dispersant une prétendue foule. Ce qui est surprenant, pour le policier, c’est de croire que les prérogatives du maintien de l’ordre et du respect de la loi en ce jour incluent aussi le recours à la violence physique contre un journaliste inoffensif.
La vicieuse et honteuse agression sur M. Idris n’est pas un incident isolé. Cet incident s’ajoute à une longue liste de 11 incidents d’agressions impliquant un total de 16 autres journalistes au Ghana au cours des 15 derniers mois. Tristement, les services de sécurité ; et en particulier la police, a été tout au long l’auteur principal des agressions sur les journalistes.
Par conséquent, l’embarrassante agression sur M .Idris est une manifestation de la dégradation des conditions de la sureté des journalistes dans un pays qui a eu une liberté de presse positive au cours des années passées.
Préoccupée par les problèmes de la dégradation de l’environnement de la liberté de la presse dans le pays, la MFWA avait publié en 2014 une longue liste des incidents d’attaques et de violations contre les journalistes dans le pays. À l’époque, la MFWA avait mis en garde sur le fait que le classement du pays pourrait chuter si les autorités et les acteurs manquaient à mettre fin aux agressions incessantes sur les journalistes. Un an plus tard, le classement de la liberté de la presse du Ghana à reculer de ‘’Libre’’ à ‘’ Partiellement Libre’’.
Quatre ans après la mise en garde par la MFWA, la tendance des attaques injustifiées sur les journalistes continue et s’aggrave peut-être. Les journalistes sont toujours vulnérables aux agressions brutales perpétrées sur eux dans l’impunité absolue. Pour preuve, ci-dessous se trouve onze autres incidents d’agressions sur les journalistes de Janvier 2017 à Mars 2018 :
- Le 27 Février 2017, – Le Reporter de Kotoko Express a été attaqué: Un photojournaliste du journal Asante Kotoko Express, Gideon Botchway a été assujetti à des agressions physiques de la part des supporters et de l’intendant du club de football Ashgold à Obuasi durant un match opposant Ashgold et Asante Kotoko.
- Le 5 Mars 2017 – Photojournaliste Agressée et Expulsée du Stade: Les Officiels d’Accra Great Olympics ont agressé une photojournaliste, Senyuidzorm Adadevor à Accra Sports Stadium durant le match : Accra Great Olympics – WAFA.
- Le 6 Mars 2017 – Des Soldats Agressent un journaliste indépendant: les soldats ont agressé un journaliste indépendant, Kendrick Ofei durant le 60èmeAnniversaire de la Journée d’Indépendance a Independence Square à Accra.
- Le 27 Juin 2017- Journaliste Physiquement Agressé, Equipement Saisi. Le journaliste Isaac Nsiah Foster de la station radio Otec FM à Kumasi a été agressé par des ouvriers sur le site d’un chantier de construction où il s’est rendu pour enquêter sur les plaintes des riverains par rapport à l’implantation d’une station de carburants.
- Le 2 Juillet 2017 – Un Equipe TV3 Agressée : Une équipe de trois membres de TV3 (Myepaul Sowah, Richmond Tanoh et Peter Asare ont été agressé par des gardiens fonciers lors de leurs enquête sur l’invasion d’un domaine public à Teshie à Accra.
- Le 3 Juillet: Photojournaliste Agressé, Camera Détruite: Quelques supporters du club de football Asante Kotoko ont agressé un photojournaliste de Hearts News; une publication bihebdomadaire du football Club Hearts of Oak durant un match cérémonial entre les deux clubs. Les voyous ont saisi la camera de la victime, Daniel Anane Boakye-Yiadom et l’ont détruite.
- Le 10 Octobre 2017- Un Chef Agresse un Journaliste pour ses Critiques sur WhatsApp : le Chef Traditionnel de Wassa Akropong, Tetre Akuamoah Sekyim II, a forcé Larry Saint, un journaliste de Rivers FM à s’agenouillersous le soleil pendant des heures pour l’avoir critiqué sur WhatsApp.
- Le 18 Octobre 2017 – Les locaux d’un journal Attaqué par des Jeunes Déchainés : un groupe de jeunes en colère soi-disant Kumasi Youth Association(KuYA) ont attaqué le bureau régional du journal Daily Guideà Kumasi à propos des publications dudit journal sur le roi des Ashanti ; Asantehene Otumfuo Osei Tutu II.
- Le 2 Décembre 2017- Des Voyous Envahissent la Radio Justice, Agressent le Présentateur. Des voyous ont pris d’assaut le studio de la Radio Justice basée à Tamale et ont agressé le présentateur du programme et ses trois invités, interrompant ainsi l’émission en direct. Les agresseurs ont blessé le présentateur Yunus Yiripha et saccagé la console, les microphones, les ordinateurs et les meubles.
- Le 21 Décembre 2017 – Le Personnel de Sécurité du NPP ont agressé physiquement des Journalistes: Quatre Journalistes ont été attaqué physiquement par quelques personnel de la sécurité en service au siège du parti NPP à Accra. Les quatre journalistes issus de TV3, Citi Fm et de Ghanaweb.com ont été brutalisés par le personnel de sécurité lors de leur couverture d’une manifestation de protestation dans les locaux au siège du parti.
- Le 23 Février 2018 – La Police Brutalise un Journaliste: Christopher Kevin Asima, un présentateur de station A1 Radio à Bolgatanga a été agressé par la police pendant qu’il couvrait un incident d’incendie.
Pourquoi les Attaquent Continuent?
Un certain nombre de facteurs concourent à la persistance des agressions contre les journalistes dans le pays. En voici quelques-uns des facteurs clés ci-dessous:
- La Culture de l’Impunité pour les Crimes Contre les Journalistes: Impunité pour les crimes contre les journalistes est devenu littéralement l’ordre du jour. Malgré le reportage de plusieurs incidents de violations contre les journalistes, la sanction contre les auteurs ont été très rares, sinon pas du tout. Cette culture de l’impunité pour les crimes contre les journalistes renforce les auteurs et encourage d’autres à abuser des journalistes à la moindre occasion. De nombreux crimes reportés n’ont pas été investigués, mais finissent souvent avec de simple déclaration de l’entame des investigations par la police.
- L’indifférence des autorités étatiques: les autorités dans le pays n’ont adopté aucune position ferme au cours des années contre les abus sur les journalistes. En effet, même les pétitions des défenseurs n’ont réussi à les amener à condamner ouvertement les actes de violence contre les journalistes dans le pays.
- Défaut de plaidoyers vigoureux: les syndicats des journalistes et les organes des médias, au cours des années, n’ont pas plaidé assez vigoureusement pour la sûreté des journalistes.
- Désintérêt et défaut de solidarité au sein des journalistes: les journalistes et les organisations des médias ont échoué à être solidaires autour des questions de la sureté des journalistes. Lorsqu’un journaliste est agressé, les médias souvent accordent peu ou pas du tout d’importance à l’incident. Ailleurs, la communauté des médias considère une attaque sur un journaliste comme une attaque sur la profession et tous les journalistes, de telle sorte qu’elle prenne une action puissante et collective sur l’affaire en vue d’exiger réparation.
- Manque ou pas de formation solide sur la sûreté pour les journalistes : la majorité des journalistes dans le pays n’ont pas de connaissance de base et de compétences sur la sûreté et donc deviennent facilement victimes des agressions. La majorité des organisations des médias dans le pays ont échoué à former leurs journalistes et n’ont pas élaboré des politiques de sûreté pour les journalistes.
- Bas standards: le soutien du public général est indispensable pour combattre les crimes contre les journalistes. Malheureusement, il apparait que le soutien du public aux journalistes est en déclin a cause du bas niveau de standards, de prise de parti au sein des journalistes, et entre autres la corruption.
- La pratique selon laquelle des journalistes abusés recourent secrètement à des compensations de la part de leurs agresseurs, montre par conséquent le peu d’intérêt à plaider pour la justice.
La MFWA demande à tous les acteurs de contribuer à relever ces défis ci-dessus comme une urgence, et ce dans le but d’améliorer les conditions des journalistes au Ghana.