La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a appris avec consternation la mort en détention d’un membre de l’opposition gambienne, Solo Sandeng, et la répression continue des voix dissidentes dans le pays.
Solo Sandeng menait une manifestation contre le régime totalitaire du président Jammeh et exigeait le 14 avril 2016 des réformes électorales à la périphérie de la capitale gambienne, à Banjul. Sandeng avec plus de 20 autres manifestants auraient été arrêtés par des éléments paramilitaires et emmenés à l’infâme prison dénommée Mile II Prison. Ils auraient été transférés au siège notoire de la National Intelligence Agency, une agence de renseignement. Sandeng a été signalé tombé en coma et est décédé le 16 avril.
L’arrestation de Sandeng et des autres pour une marche pro-démocratie constitue une violation de leur droit à la liberté de réunion et d’expression que la constitution de la Gambie garantit.
Il est inquiétant de constater que malgré la mort de Sandeng en détention, les autorités ont poursuivi leur répression impitoyable contre les manifestants. Les membres seniors du parti United Democratic Party (UDP), y compris le chef du parti, Ousmane Darboe, ont été arrêtés pour avoir organisé une conférence de presse pour dénoncer la répression brutale par les forces de sécurité et d’exiger le dépouille de leur collègue.
Depuis le 14 avril, des dizaines ont été arrêtés et ont été gravement battus pour avoir exercé leur droit de réunion. Cette réaction violente a une simple demande pour les libertés civiles et des reformes électorales est une violation des principes dans la constitution de la Gambie ainsi que les chartes et les conventions régionales et internationales des droits de l’homme que la Gambie a ratifié Ces violations récurrentes sont également des preuves suffisantes que le président Jammeh qui a gouverné la Gambie quasiment 22 ans, est résolu à s’accrocher au pouvoir à tout prix.
Il est vraiment inacceptable que toutes les condamnations et les appels par la communauté internationale y compris l’appel par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, et le Haut Commissaire des Nations Unies sur les droits de l’homme aux autorités de la Gambie d’enquêter sur la mort de Sandeng et de relaxer les citoyens qui sont toujours en détention avec des blessures graves, n’ont jusqu’à présent donné aucun résultat. Plutôt, le gouvernement a averti la communauté internationale à « cesser d’interférer dans les affaires intérieures du pays. »
Nous sommes attristés par cette position du gouvernement gambien et nous souhaitons faire appel à la CEDEAO de faire pression sur la Gambie en vue d’enquêter sur les circonstances concernant la mort de Sadeng et des traitements inhumains infligés aux citoyens qui demandaient des reformes électorales. Nous exhortons également la Commission Africaine sur les Droits de l’Homme et des Peuples dont le siège est à Banjul d’investiguer cette affaire de façon indépendante et de veiller à ce que les auteurs de ce crime soient traduits en justice.
Sous le régime du président Jammeh, il y a eu plusieurs incidents graves et des atteintes systématiques de violation des droits de l’homme et pratiquement aucune sanction de la CEDEAO et de l’UA ; bien que ces violations vont à l’encontre de plusieurs protocoles et chartes des organismes régionaux et sous régionaux. Toutefois, pour assurer la paix régionale et la protection des droits des citoyens, la CEDEAO et l’UA doivent appliquer des mécanismes et des protocoles sur la bonne gouvernance, les droits de l’homme et la démocratie. Les deux organismes continentaux et sous-régionaux doivent être considérés comme les défenseurs des droits des citoyens plutôt que des chefs d’Etat. C’est la seule façon dont les deux organismes peuvent gagner la confiance des citoyens et promouvoir la paix et la stabilité régionale. La MFWA interpelle donc une fois encore la CEDEAO et l’UA, et tous pour tous les appels lancés au président Jammeh à l’ordre.