En Mauritanie, treize activistes anti-esclavagistes sont condamnés à des peines allant de deux à quinze ans de prison ferme, dans un acte présumée de répression du mouvement anti-esclavagiste.
Le 19 Août, la cour a trouvé coupables les treize prévenus, tous membres du groupe de droits de l’homme, Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA), sous plusieurs chefs d’accusation y compris « rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue ». Trois des prévenus étaient condamnés à 15 ans de prison ferme chacun ; huit personnes à 5 ans, alors que les deux autres ont écopé 2 ans chacun.
Le jugement a été condamné par les organisations de droits de l’homme qui le qualifient de tentative d’intimidation à l’égard des militants qui luttent contre l’esclavage.
Les activistes n’ont pas bénéficié du service de leurs avocats au moment de leur condamnation, car ceux-ci s’étaient retirés pour protester contre la torture présumée de leurs clients et contre le procès truqué
Les dirigeants de l’IRA, y compris les vices présidents Brahim Ramdane et Diop Amadou Tidjane, ainsi que le Secrétaire chargé des relations externes, Balla Touré étaient interpellés à leurs domiciles entre Juin et début Juillet, après que le gouvernement les ait accusés d’être impliqués dans les violentes protestations contre l’Etat par les habitants de Ksar, un bidonville de la capitale Nouakchott.
Les activistes condamnés ont nié toute implication dans les manifestations, insistant que malgré leur opposition avouée au projet de déplacement, ils n’ont pas participé à la manifestation. Ils ont qualifié leur condamnation de « répression contre les activités anti-esclavagistes.»
Vue les répercussions de l’esclavage sur les droits à la liberté d’expression et au rassemblement, la MFWA juge que les condamnations témoignent d’une volonté non seulement de restreindre la jouissance des deux formes de liberté susmentionnées, mais aussi de frustrer l’activité abolitionniste en Mauritanie. L’esclavage est officiellement aboli en Mauritanie depuis 1981, et a été criminalisé en 2007. Pourtant, il subsiste encore une version moderne très répandue en Mauritanie où les « haratins », la caste d’esclaves sont soumis à des travaux forcés en tant que bergers ou domestiques.
L’an dernier, le gouvernement a voté une loi qui a doublé la peine d’emprisonnement pour l’esclavage. En Novembre, 2015, après avoir passé son Examen Périodique Universelle, la Mauritanie a accepté les recommandations lui formulées pour promouvoir les droits humains et multiplier les campagnes de sensibilisation à la prohibition de l’esclavage. Pourtant, les critiques disent avoir observé très peu d’engagement concret envers l’élimination du fléau, comme très peu de personnes ont été poursuivies, malgré la forte prévalence de la pratique. En revanche, l’Etat s’acharne régulièrement contre les militants anti-esclavagistes, et la condamnation de 13 activistes témoigne de son manque de volonté d’éliminer la pratique.
Nous appelons les autorités de la Mauritanie à relâcher les activistes d’IRA et à entamer le dialogue et la collaboration dans la lutte contre l’esclavage.